Koné Lacina – Juriste – Membre de l’ILCI
Déjà après l’élection calamiteuse de Gbagbo en 2000, la communauté internationale a initié et conduit des négociations en vue de la participation du RDR aux législatives par l’acceptation de la candidature de ADO. Après avoir accepté ce point devant les négociateur, Gbagbo a fait une volte-face retentissante en niant tout ce qu’il avait accepté. La suite est connue de tous. Quelques mois avant l’éclatement de la rébellion en 2002, à la demande du même FPI, il été engagé des négociations avec le RDR pour son entrée au gouvernement. Aux termes de celles-ci, le parti de OUATTARA devait occuper deux ministères, dont un de souveraineté. Dès que les représentants du Rassemblent des Républicains ont annoncé publiquement leur entrée au gouvernement, les frontiste ont retiré au RDR les portefeuilles promis ne lui laissant qu’un ministère bidon de la recherche, créé à la hâte. Le but était de mettre le RDR en difficulté face à l’opinion. Heureusement que les républicains ont fait contre mauvaise fortune, bon cœur afin de ne pas courroucer la communauté internationale. De mémoire d’ivoirien, Marcoussis fut l’une des occasions ou le FPI s’est rendu célèbre par le reniement de la parole donnée, et plus grave de sa signature. Après avoir apposé paraphér cet accord devant le monde entier, Seplou a, depuis l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris, instruit les jeunes patriotes commandés en chef par son codétenu à la Haye, non seulement à dire non à l’accord, mais aussi à s’en prendre aux français et à leurs biens en Côte d’Ivoire. On le voit, l’épisode actuel n’est rien d’autre que la traduction de la tare congénitale dont souffre ce parti et qui l’empêche malheureusement de s’intégrer dans un schéma politique humain. La seule chose qui pourrait surprendre, c’est que le FPI n’est pas au pouvoir,et il se donne le culot d’ainsi se jouer de l’intelligence de ceux qui sont au pouvoir, de croire qu’il a toujours la capacité de ramener les choses à ses seuls intérêts, sans rien craindre d’un pouvoir qu’il continue de considérer comme illégitime. Mais là encore les choses semblent obéir à un trait caractéristique de Seplou et de son parti. Depuis son apparition sur la scène politique de notre pays, le FPI s’est défini comme un parti réfractaire au compromis, à la concession et même à la négociation quitte à apparaître comme une secte où ne règnent que la suffisance, irrévérence, l’arrogance; bref tout ce qui est antisocial. Et à chaque occasion ses dirigeants tiennent à le rappeler au pouvoir OUATTARA. Malgré l’horreur post électorale qu’ils ont imposée aux ivoiriens, les frontistes n’en ont eu aucun remord. Mieux, ils ont toujours nargué les victimes en se présentant comme les seules victimes de cette séquence sombre de la vie politique de notre pays. C’est pourquoi, ils ne donnent aucune valeur aux actes de décrispation du Président de la République, convaincus qu’ils sont d’être victimes de la justice des vainqueurs incarnée par le méchant pouvoir de OUATTARA. Le FPI est dans l’illusion que lui seul mérite d’être au pouvoir, lui seul est la volonté du peuple ivoirien et par conséquent, lui seulpeut et doit en imposer aux autres. Dans ces conditions, point n’est besoin pour lui d’avoir égard à aucune autorité qui n’émane de lui. Les autorités ivoiriennes doivent se convaincre définitivement de cela. Sinon le FPI est entrain de réussir un coup de maître: celui de faire croire que la justice ivoirienne est aux ordres du pouvoir politique et que ses cadres font l’objet d’acharnement politique.La semaine dernière un avocat sénégalais à la CPI a attiré l’attention des tenants du pouvoir sur ce point. La libération à tour de bras de personnes soupçonnées de crimes si atroces sans y mettre la moindre forme judiciaire, finira par faire admettre que les cadres du FPI, qui ont pourtant commis des crimes innommables, n’ont rien à se reprocher et sont simplement victimes de règlements de compte politiques. Il ne faut pas s’imaginer que les actes d’ouverture dont bénéficie ce parti violent finiront par l’attendrir. Il est convaincu au contraire que son intransigeance, les attaques qu’i commandite et les menace proférés sont les seules explications de la libération et des dégels de comptes concédés par le Président de la République et son gouvernement. La communauté internationale doit également intégrer cette donne dans sa grille d’analyse de la situation ivoirienne. Sinon on s’achemine inexorablement vers d’autres drames liés aux élections prochaines.
Koné Lacina Juriste